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Bouquin en Scène
4 octobre 2016

Une Dernière danse - Victoria Hislop

Résumé :

 Quand elle arrive à Grenade pour y prendre des cours de danse, Sonia, jeune londonienne, ne sait rien du passé de la ville. Une conversation avec le patron du café El Barril la plonge dans la tragique destinée de la famille Ramírez : dans les années 1930 vivaient dans ces lieux trois frères aux idéaux opposés, veillant jalousement sur leur jeune sœur, Mercedes, passionnée de flamenco. Tandis que celle-ci tombe amoureuse du guitariste gitan qui l'accompagne, l'Espagne sombre dans la guerre civile. Quel camp chacun va-t-il choisir ? Quels secrets et trahisons vont déchirer la fratrie à jamais ? Happée par ce récit de feu et de sang, Sonia est loin d'imaginer que sa propre existence en sera bouleversée.

"Parfois le chagrin est trop grand pour les larmes"

 

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Auteur : Victoria Hislop

Titre : Une dernière danse

Pages : 616

Editions : Les Escales

Collection : Le Livre de Poche

Publication (en France) : 2014

ISBN : 978-2-253-17811-8

Le livre est composé de 3 parties et de 40 chapitres

 

 

 

Un brin de culture :

 Zoom sur Grenade : En Espagne, au sud-est de l'Andalousie se trouve Grenade. Situé aux pieds de la Sierra Nevada, à la croisée de trois rivières le Beiro, le Daro et le Genil, ce joyau andalou s'est forgé sur trois cultures : chrétienne, musulmane et juive. Baignée d'arômes cosmopolites, Grenade est divisée en quatre vieilles villes : le quartier de "l'Albaicín" est le vestige de l'empreinte musulmane, le "Realejo-San-Matías" est d'origine juive, le "Sacromonte" est le quartier gitan et le "Centro Sagrario" d'origine chrétienne est le cœur de la ville. Sur les hauteurs, le majestueux palais de l'Alhambra veille sur la ville (inscrit au patrimoine mondial). Une atmosphère unique se dégage de Grenade et de l'Andalousie : ambiance festive, chants, danses, airs de guitare au détour d'une ruelle, délicieuses tapas, sentiment de liberté. Le tout dans une architecture digne des mille et une nuits (paroles d'une ancienne "érasmusienne" nostalgique de Cadix).

 Zoom sur le flamenco : Contrairement à la joyeuse salsa, le flamenco est une expression profonde de la souffrance de l'âme humaine. C'est un genre musical et une danse datant du XVIIe siècle qui puise ses racines dans le folklore populaire andalou. Cet art de vivre est le fruit de différentes cultures (arabo-musulmane, juive, chrétienne). La danseuse de flamenco porte des chaussures à talons hauts, une longue robe colorée, parée de volants (sur le bas et sur les manches), et elle est coiffée traditionnellement d'un chignon.

 Mon avis :

Une dernière danse est le premier roman de Victoria Hislop que je lis et je ne suis pas déçue. Malgré quelques longueurs, la plume de l'écrivain est magnifique et me donne envie de découvrir ses autres romans. J'en ai lu les résumés et Victoria Hislop use sensiblement du même style et du même fond dans ses œuvres. On peut le voir comme un manque de singularité... mais non, ça marche (sur moi du moins) ! Une histoire d'amour tragique sur un fond de réalisme historique. Je suis conquise. Il faut quand même dire que ce roman est un pavé de plus de 600 pages avec beaucoup d'informations à assimiler, des faits historiques et des événements qui s'enchainent à toute vitesse. Il faut aimer ce genre de littérature. Personnellement, je ne me suis pas ennuyée une seconde. Plonger dans ce roman, c'est comme remonter le temps.

Tout commence par un simple séjour touristique à Grenade entre deux amies londoniennes en 2001. Sonia et Maggie sont totalement différentes, l'une est blonde et sage, l'autre est brune et plus "électron libre" (On dit que les opposés s'attirent). Ce voyage de quelques jours en Andalousie doit être synonyme de fête, de découverte de la culture et des traditions, de visite de la ville mais surtout de danse. La danse est l'oxygène de Sonia, elle ne peut pas vivre sans danser. Elle tient sûrement cette passion de ses origines espagnoles maternelles ou bien de son besoin d'exprimer sa liberté face à un mari alcoolique et sans intérêt. Quoi qu'il en soit, on se retrouve plongé dans l'ambiance espagnole libre et festive avec ses musiques, ses chants, ses danses, son mode de vie caractéristiques de l'Andalousie. On trouve également de magnifiques descriptions de la tauromachie, du flamenco, cette complicité unique entre le guitariste et sa danseuse, l'expression de la passion, la colère et le chagrin à travers l'art.

L'intrigue est lancée lorsque au détour d'une ruelle, Sonia rencontre Miguel, le patron du café El Barril, qui va lui narrer la tragique histoire de la famille Ramírez pendant la guerre civile et lui parler de personnes qui font partie de l'histoire de son pays, comme le poète Federico García Lorca. Sonia sera complètement hypnotisée par ces révélations et fera des découvertes sur sa propre vie, car en fait un lien unit la jeune londonienne et Grenade. Elle part en quête de ses origines inconnues à travers le passé historique. Le petit café pittoresque  appartenait, jadis, à une famille unie, les Ramírez : les parents, Pablo et Concha, les trois fils et Mercedes, la benjamine, férue de flamenco. La guerre civile va venir rompre la quiétude du quotidien : les fils se déchirent, leurs sympathies n’allant pas au même camps, et Mercedes, amoureuse d’un gitan, voit sa passion contrariée par les événements qui secouent le pays et elle n'hésitera pas à traverser l'Espagne à pied pour tenter de retrouver son bien-aimé. Très vite, la tragédie s’invite et en quelques années, le destin de la famille entière bascule : exécutions, détention, bombardements, exode… Victoria Hislop nous dépeint l'exemple d'une famille comme il y en a eu des milliers en Espagne.

Passé et présent s’entremêlent dans le récit et l'intensité atteint son apogée à la fin au moment de la révélation du vieil homme. Oui bon, je n'ai pas honte de dire que les larmes me sont montées aux yeux, c'est beau, c'est tragique et c'est bien écrit ! Victoria Hislop joue admirablement bien sur la corde sensible. Elle a beaucoup de choses à nous transmettre et le lecteur a soudain le devoir de ne pas oublier l'Histoire. Une dernière danse est comme un voyage dans le temps où, entre flamenco et corrida, entre quête et récit, entre déchirement et amour, une petite histoire côtoie la grande Histoire.

Un passage sélectionné pour vous :

"L’une des danseuses revenait ; elle parcourut la scène aussi étroite qu’un couloir en tapant du pied, les volants de son jupon balayant les pieds recouverts de poussd9184b_1241876f5d9e4b658c1772d421f6afd3~mv2_d_1334_1334_s_2ière des touristes assis au premier rang. Le tissu de sa robe, d’un orange vif parsemé de gros pois noirs, était tendu sur son ventre et sa poitrine. Les coutures étaient tirées. Ses pieds martelaient en rythme les lames de bois qui composaient la scène : un deux, un deux, un deux trois, un deux trois, un deux…
Puis ses mains s’élevèrent dans les airs, les castagnettes s’agitant dans un trille agréable, et la femme se mit à tourner lentement. Tandis qu’elle virevoltait, ses doigts claquaient contre les petits disques noirs qu’elle tenait entre les mains. Le public était sous le charme. Un chant plaintif l’accompagnait ; le chanteur gardant la plupart du temps les yeux baissés. La danseuse poursuivit, plongée dans une transe personnelle. Si elle suivait la musique, elle n’en montrait rien, et si elle avait conscience de la présence du public, celui-ci ne le ressentait pas. L’expression de son visage sensuel n’était que pure concentration et son regard était plongé dans un autre monde qu’elle seule discernait. Sous ses bras, le tissu s’assombrit de transpiration et des gouttes de sueur perlèrent à son front tandis qu’elle tournoyait, toujours plus vite." (p.16-17)

 

 

Quelques mots sur l'auteure :

 victoria hislopVictoria Hislop est diplômée de littérature anglaise de l'université d'Oxford. D'origine britannique, elle vit entre l'Angleterre et la Crète, et parle français couramment. Elle a travaillé comme journaliste avant de devenir romancière. Elle devient internationalement connue à la publication de son premier roman, L'Ile des oubliés, en 2005.

 

Bibliographie :

Le Coeur d'Angeliki, Paris, Les Escales, 2012

L'Ile des oubliés, Paris, Les Escales, 2012

Le Fil des souvenirs, Paris, Les Escales, 2013

Une Dernière danse, Paris, Les Escales, 2014

La Ville orpheline, Paris, Les Escales, 2015

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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